Jørn Utzon

Le quartier de Fredensborg, comme celui de Klampenborg, nés le premier du talent de Utzon, l’autre de celui de Jacobsen, les deux plus illustres architectes danois, sont en effet des œuvres inspirées, mesurées, sensibles, et constituent à peu près ce que l’on peut rêver de plus réussi dans le domaine de la petite communauté d’habitation.

Le chatoiement velouté des murs de briques ocre clair, la variété des espaces et le jeu raffiné des volumes réservent au promeneur une succession enchanteresse de surprises et de perspectives. Aucune publication ne saurait restituer l’agrément et l’échelle de ces groupements d’habitations. D’autant plus que depuis leur achèvement, la végétation a poussé et participe désormais à l’ensemble, de façon à la fois extraordinairement ingénieuse et naturelle ; ce n’est d’ailleurs pas un des moindres sujets d’émerveillement que l’art et l’astuce avec lesquels Jacobsen utilise arbres et buissons : tantôt comme dominante, à l’endroit où il la faut, tantôt pour créer l’intimité, mais toujours comme de véritables éléments d’architecture qui font partie intégrante de la composition. Mais est-il besoin de préciser que ces beaux quartiers sont réservés l’un à la bonne société de Klampenborg, le « Parioli » copenhaguois, l’autre à celle non moins aisée des Danois rentrés des lointains pays, fortune faite ? L’architecte a songé plus à donner libre cours à son inspiration qu’à économiser les mètres carrés de murs ou de terrain. Bien sûr, il s’agit toujours d’habitations en ordre contigu, et c’est ce qui augmente la valeur de ces réalisations. Malgré leur luxe relatif, elles respectent la notion essentielle d’une vie communautaire bien comprise qui réserve à chaque famille un domaine intime et bien délimité sans pour autant rien sacrifier à l’unité et à la cohésion de l’ensemble.