M. De Lépinay
Canton d’Uzerche
1875
Autre différence capitale par rapport à l’univers urbain : une autre base économique, l’agriculture. Quel que soit le progrès, jusqu’à la révolution récente, c’est la terre, le climat, les plantes et les bêtes qui commandent à la campagne. L’agriculteur est d’abord soumis au cosmos, à la différence de l’industriel ou du commerçant qui l’est à la conjoncture économico-sociale. Ce qui comporte des peines, et des joies. S’il n’est pas le maître de son temps (mais pour d’autres raisons le citadin ne l’est guère), il reste en rapport direct avec son matériau, et il accomplit son œuvre depuis A jusqu’à Z. La « dichotomie du travail manuel et intellectuel », le paysan l’ignore ; il est à la fois chef d’entreprise et ouvrier, artisan et commerçant. L’autogestion, plus ou moins réussie, il la pratique depuis longtemps sans le savoir à ses risques et périls. O fortunatos nimium… continue de penser hypocritement l’habitant de l’urbs qui s’accommode de fonctions plus spécialisées et moins astreignantes. Cependant travailler en plein air sur sa terre par les temps qui courent, cela vaut bien Robinson édifiant son île. Un tel métier, avec la liberté, la dignité qu’il confère, eût mérité qu’on le valorisât par une instruction poussée. Le paysan fût devenu un savant, un artiste ; il le démontre depuis des siècles.

Lieu: Corrèze, France
Éditeur: Conseil général de la Corrèze
Collection: Médiathèque de Brive
Échelle: 1:40’000
Texte: Bernard Charbonneau, Notre table rase, 1974
Publié: Janvier 2025
Catégorie: Cartographie