Paul Vidal de La Blache

On voit où les partisans de l’unification nous ont menés — nulle part. Appliquons donc la théorie de la taille et voyons quelles solutions une approche opposée pourrait nous offrir. Au lieu de l’union, plaidons pour la désunion. Au lieu de fusionner ce qui est petit, démembrons ce qui est grand. Au lieu de créer des États toujours plus grands et toujours moins nombreux, créons-en de plus petits. Car d’après tout ce que nous avons vu jusqu’ici, cela semble être le seul moyen de cantonner la puissance à des dimensions où elle ne peut produire aucun dommage conséquent, en tout cas en ce qui concerne ses effets externes.

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Le raisonnement de Saint Augustin semble par conséquent aussi sage aujourd’hui qu’il ne le semblait déjà quand il contemplait la taille infinie et insensée de la Rome antique : « le monde serait plus heureusement gouverné s’il ne consistait pas en quelques agrégations obtenues par des guerres de conquête, avec le despotisme et le gouvernement tyrannique qui en résultent, mais d’une société de petits États vivant ensemble en amitié, ne transgressant pas les limites des uns et des autres, libérés des jalousies. »