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Baccio Baldini

Le labyrinthe de Crète

1460–1470

Être indépendant est l’affaire d’un très petit nombre ; c’est un privilège des forts. Et qui en prend le risque, fût-ce avec les meilleures raisons, mais sans y être contraint, prouve sans doute qu’il n’est pas seulement fort mais téméraire jusqu’à l’extravagance. Il s’enfonce dans un labyrinthe, il multiplie par mille les périls déjà inhérents à la vie, dont le moindre n’est pas celui-ci : que nul ne voit de ses yeux comment et où il s’égare, dans quelle solitude il se fait déchirer, morceau par morceau, par quelque minotaure tapi dans les cavernes de la conscience. Un tel homme vient-il à périr, sa défaite a lieu si loin de la compréhension des hommes, que ceux-ci ne ressentent rien, n’éprouvent aucune compassion. Et lui ne peut plus retourner en arrière ; il ne peut plus même retourner vers la compassion des humains ! —

Le labyrinthe de Crète

Collection: The Trustees of the British Museum
Text: Friedrich Nietzsche, Par-delà le bien et le mal, 1886


Publié: Octobre 2016
Catégorie: Illustration

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