Littérature

Plutarque

Vies parallèles

120

Les Grecs assemblés à l’Isthme décidèrent par un vote de se joindre à Alexandre pour faire campagne contre la Perse et le proclamèrent chef de l’expédition. A cette occasion, un grand nombre d’hommes politiques et de philosophes vinrent le saluer et le féliciter. Il pensait que Diogène de Sinope, qui séjournait à Corinthe, en ferait autant. Mais comme celui-ci se souciait fort peu d’Alexandre et restait tranquillement au Cranéion, il se rendit lui-même auprès de lui. Il le trouva couché au soleil. Diogène, voyant tant d’hommes venir à lui, se souleva légèrement et fixa ses regards sur Alexandre, qui le salua et lui adressa la parole pour lui demander s’il avait besoin de quelque chose. « Oui », répondit le philosophe, « ôte-toi un peu de mon soleil ». Ces mots, dit-on, frappèrent Alexandre et le remplirent d’admiration pour la fierté et la grandeur de cet homme qui le dédaignait. Aussi, comme les gens de sa suite, en s’en retournant, riaient et se moquaient du philosophe, il leur dit : « Eh bien, moi, si je n’étais Alexandre, je voudrais être Diogène. »


Publié: Novembre 2017
Catégorie: Littérature