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Carte relief de l’île de Corse
2024
La Corse : l’odeur du maquis vient au-devant de vous au large du port d’Ajaccio et ne vous quitte plus : en rouvrant au retour ma valise, je la retrouve sur mes vêtements enfermés. C’est une odeur sèche, chaude, résineuse, mais sur cette exhalaison de pinède surchauffée s’exaltent des essences plus délicates : tantôt sucrées et presque mielleuses, à la manière du sureau ou du seringa, tantôt épicées et presque sacramentelles, comme s’il y brûlait par moments un grain d’encens : l’impression de sécheresse pince les narines, en même temps qu’elle les réjouit, comme si tout ce qu’on respire venait d’être vaporisé sur une pelle rougie au feu : ce sont déjà les parfums de l’Arabie Pétrée, non les molles odeurs défaites qui coulent de nos forêts de brouillard. Auprès de l’odeur des forêts landaises que pourtant j’aimais déjà, c’est comme si on libérait les éthers subtils d’un grand bourgogne après avoir débouché une bouteille d’aramon.
Lieu: Corse, France
Texte: Julien Gracq, Lettrines I, 1967
Publié: Juin 2024
Catégorie: Observation