Jules Breton
Enfant des champs
1854–1891
L’ARTOIS
Artois aux gais talus où les chardons foisonnent,
Entremêlant aux blés leurs têtes de carmin;
Je t’aime quand, le soir, les moucherons bourdonnent,
Quand tes cloches, au loin, pieusement résonnent,
Et que j’erre au hasard, tout seul sur le chemin.
J’aime ton grand soleil qui se couche dans l’herbe;
Humilité, splendeur, tout est là, c’est le Beau;
Le sol fume; et c’est l’heure où s’en revient, superbe,
La glaneuse, le front couronné de sa gerbe
Et de cheveux plus noirs que l’aile d’un corbeau.
C’est une enfant des champs, âpre, sauvage et fière;
Et son galbe fait bien sur ce simple décor,
Alors que son pied nu soulève la poussière,
Qu’agrandie et mêlée au torrent de lumière,
Se dressant sur ses reins, elle prend son essor.












Lieu: France
Texte: Jules Breton, Les Champs et la mer, 1875
Publié: Août 2021
Catégorie: Peinture
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