Jean-Charles Cazin

Comment de tels trésors avaient-ils pu échapper jusqu’ici à la curiosité passionnée qui s’est attachée, dans le monde des artistes et des collectionneurs, aux moindres dessins du poète et du penseur ? L’histoire est trop belle pour que nous la taisions, et elle est d’un enseignement trop élevé pour que nous n’en fassions pas profiter tous ceux pour qui la création des œuvres de l’esprit est un des plus nobles soucis et une des plus fortes raisons de vivre.

Il faut, pour en bien comprendre la portée, évoquer non seulement la mémoire et l’œuvre de J.-C. Cazin, mais encore le faire revivre un instant et vivre à ses côtés. Il faut parcourir avec lui les champs et les dunes, longer les plages et les bords de rivières ; interroger le ciel et tous ses prestiges lumineux ; arpenter, d’un pas ardent et calme, les routes paisibles bordées d’arbres ou d’humbles maisons ; demander aux faubourgs des petites villes endormies les touchants mystères de la vie végétative ; retrouver, sous l’apparence actuelle des hommes, des demeures et des horizons ruraux, l’antique réalité des sentiments, des passions et des rêves ; constater chaque année, avec la même émotion et la même surprise, l’enivrante action, sur les êtres, de la terre nourricière et de l’atmosphère qui vivifie.