Jean-Joseph-Xavier Bidauld

Une vie d’artiste, comme celle de M. Bidauld, aussi vide d’événements que pleine de travaux, ne saurait intéresser que par le spectacle même de cette existence laborieuse et calme, dont l’exemple deviendra de plus en plus rare dans l’avenir réservé à nos sociétés modernes. Il s’y trouve pourtant encore un enseignement, qui ne laisse pas d’avoir encore en tout temps son utilité et son mérite : c’est qu’une volonté ferme, jointe à une organisation heureuse, finit toujours par assurer la vocation et par accomplir la destinée d’un artiste.

[…] A mesure que son talent se perfectionnait, toujours à cette grande école de la nature, il sentit le besoin de peindre ses tableaux entièrement sur place, sans perdre un seul instant de vue son modèle, dont les plus beaux effets sont souvent les plus fugitifs. Avant M. Bidauld, aucun peintre peut-être n’avait poussé la passion du paysage et le culte de l’art jusqu’à ce point, d’aller s’établir des mois entiers devant un site, avec une toile de trois ou quatre pieds, de peindre sur place tout le jour, au risque de toutes les incommodités du lieu, en dépit des accidents mêmes de la température, et de ne quitter son poste qu’après avoir fini son tableau. C’est de cette manière, c’est par ces rudes travaux que M. Bidauld s’est placé dans notre école française au premier rang des paysagistes ; et ce titre assure à jamais à son nom une place honorable dans l’histoire de l’art de notre pays.