Pierre Paul Rubens
Poésie héroïque
1604–1635
Il n’y a qu’un Rubens en Flandre, comme il n’y a qu’un Shakespeare en Angleterre. Si grands que soient les autres, il leur manque une portion de son génie ; Crayer n’a point ses audaces ni ses excès ; il peint, avec des réussites délicieuses de coloris frais et moelleux, la beauté calme, affectueuse et heureuse. Jordaens n’a point sa grandeur royale et son fonds de poésie héroïque ; il peint, avec un coloris vineux, des colosses trapus, des foules entassées et des plébéiens tapageurs. Yan Dyck n’a point, comme lui, l’amour de la force et de la vie prises en elles-mêmes ; plus délicat, plus chevaleresque, né avec un fonds de sensibilité et même de mélancolie, élégiaque dans ses tableaux d’église, aristocratique dans ses portraits, il peint, avec un coloris moins éclatant et plus touchant, des figures nobles, tendres, charmantes, dont l’âme généreuse et fine a des douceurs et des tristesses que son maître ne connaissait point. — Son œuvre est le premier signe du changement qui va se faire ; après 1660, il est déjà notable.
Lieu: Antwerp, Belgium
Mouvement: Baroque
Collection: The Cleveland Museum of Art - Kunsthistorisches Museum Vienna - The National Gallery of Art - Thyssen-Bornemisza National Museum - The Metropolitan Museum of Art - Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen
Texte: Hippolyte Taine, Philosophie de l’art, 1865
Publié: Février 2024
Catégorie: Peinture
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