Thibaut Cuisset

Pendant des millénaires, avant d’être bourgeoise, la propriété fut paysanne. Et elle le reste encore, chaque fois qu’elle est le bien d’un homme et de sa famille, non l’instrument d’un pouvoir. Nous pouvons mettre le pied sur la Lune, nous n’arrivons pas à nous arracher de notre corps. De la terre : de la société que l’ère industrielle qualifie d’agropastorale. Même citadin, le Français reste un paysan rêvant d’être un jour maître de sa terre. Et plus la France devient industrielle et urbaine, plus il rêve de l’être.

Cette propriété paysanne inscrite au plus profond de nos gènes est celle de l’habitat : de l’espace dont le cultivateur tire sa subsistance, au centre duquel il bâtit sa maison pour sa famille. Pendant l’entre-deux-guerres, le pavillon Loucheur et son potager a multiplié ce modèle à échelle réduite dans la banlieue de Paris. La propriété donne à l’individu et sa famille la maîtrise d’un territoire nécessaire à tout être vivant : d’un site nourricier qui l’enracine et le situe dans la nature et la société.